- LUOYANG
- LUOYANGLUOYANG [LO-YANG]Deuxième ville de la province chinoise du Henan (759 700 hab. selon les estimations de 1990), Luoyang est située sur la rive nord de la Luo à environ 60 kilomètres de son confluent avec le fleuve Jaune.C’est au \LUOYANG XIe siècle, juste après avoir imposé leur domination sur la grande plaine du Nord, que les Zhou choisissent le site pour y établir leur capitale secondaire, Chengzhou (la capitale formelle, Zongzhou, est près de l’actuelle Xi’an). Le duc de Zhou en est le premier gouverneur. Pendant la phase ascendante des Zhou occidentaux, c’est de Luoyang que sont contrôlés les territoires centraux et lancées des expéditions vers le nord, l’est et le sud; c’est également là qu’affluent tributs et impôts, et que sont convoqués à intervalles réguliers les vassaux du roi Zhou. La localisation exacte du site de Chengzhou n’est toutefois pas absolument claire. En revanche, on a pu mettre au jour la ville de l’époque des Printemps et des Automnes, qui devient la capitale formelle des Zhou (désormais «orientaux») à partir de \LUOYANG 770; mais dès cette époque les véritables centres de pouvoir sont ailleurs. Capitale secondaire au début de l’empire, Luoyang redevient capitale principale à l’avènement des Han postérieurs, en 25. Sa muraille mesure 9 li du nord au sud et 6 li d’est en ouest (1 li = 576 m environ). Elle souffre considérablement des désordres de la fin des Han, mais les Wei qui leur succèdent en 220 remontent palais et bâtiments publics. De nouveaux faubourgs sont construits par les Jin occidentaux. Les trois ateliers (shangfang ) attachés au palais produisent un riche artisanat dont maints exemples ont été retrouvés dans des tombes d’époque Jin. La plupart des édifices construits à cette époque sont incendiés lors de la prise de la ville par les Xiongnu (311): c’est pour Luoyang la fin de sa première période de grandeur.La deuxième période débute en 493, lorsque l’empereur Xiaowendi de la dynastie tabga face="EU Caron" カ des Wei du Nord vient visiter les vestiges de Luoyang et décide d’y établir sa capitale. Ce déménagement s’inscrit dans une politique de sinisation radicale, visant à terme à la conquête des dynasties rivales (200 000 soldats sont transférés à Luoyang). La reconstruction proprement dite commence en 501. Cinquante-cinq mille corvéables sont mobilisés pour ériger une muraille extérieure de 20 li sur 15 li , l’ancienne cité devenant du coup «ville intérieure». Un réseau d’avenues se coupant à angle droit délimite 323 «blocs» enclos de murs. Ce type d’urbanisme inspirera la Chang’an des Tang. Un recensement donne cent dix mille familles, incluant un nombre notable de marchands étrangers. Le bouddhisme jouit d’une faveur extraordinaire: il y aurait eu 500 monastères en 518, et 1 367 (occupant un tiers de la superficie de la ville) à la veille de la chute des Wei du Nord; c’est à la même époque qu’est entrepris le grand ensemble bouddhique des grottes de Longmen, à 14 kilomètres au sud de Luoyang. Cette superbe métropole est entièrement saccagée pendant les troubles qui entraînent la fragmentation de l’empire des Wei (534). Une quinzaine d’années plus tard, la vue de ces ruines inspirera à un visiteur une description nostalgique des splendeurs de la capitale déchue, le Luoyang jialanji .La troisième grande période correspond aux dynasties des Sui et des Tang, dont Luoyang est la capitale orientale. Les Sui choisissent un nouveau site, 10 kilomètres plus à l’ouest, et conçoivent un plan entièrement nouveau. Yangdi, le second souverain Sui, en fait sa capitale de facto . La muraille, de 9 kilomètres de côté, est construite en 605-606 par des centaines de milliers de corvéables. Plusieurs milliers de familles marchandes sont contraintes de venir y résider; Yangdi lui-même s’installe dans un palais construit dans le nord-ouest de l’enceinte. Plusieurs souverains des Tang y résideront aussi, notamment l’impératrice Wu Zetian, qui rebaptise la ville «capitale sainte» (Shendu). Située à l’articulation des plateaux du Nord-Ouest et de la Grande Plaine, Luoyang est en fait le centre économique de l’empire. Le Grand Canal (construit à la même époque que la ville des Sui) y aboutit, et les produits qui convergent de toutes les provinces y sont entreposés: on les retrouve sur les trois grands marchés de la ville, dont l’un est réservé aux marchands des «contrées occidentales». La ville change plusieurs fois de mains pendant la rébellion d’An Lushan et de Shi Siming, au milieu du VIIIe siècle. En 904, Zhu Wen, l’un des gouverneurs militaires qui ont accaparé le pouvoir des Tang, oblige l’empereur Zhaozong à s’installer à Luoyang. On aurait, pour reconstruire palais et bâtiments officiels, démoli ceux de Chang’an (dont c’est l’extinction définitive en tant que métropole impériale) et transporté les matériaux à Luoyang. Zhu Wen fonde la dynastie des Liang postérieurs en 907, mais il choisit Kaifeng comme capitale. Luoyang retrouvera brièvement son statut sous le régime suivant, celui des Tang postérieurs (923-936).Pendant le IIe millénaire, Luoyang n’est plus qu’une métropole d’importance provinciale. Sous la république populaire de Chine, la ville, qui reste un carrefour important (elle est traversée par le chemin de fer du Longhai), devient avec Zhengzhou la principale base industrielle du Henan (textile, métallurgie, constructions mécaniques, au nombre desquelles une usine de tracteurs, verrerie).Luoyangv. de Chine (Henan); 1 160 000 hab.— Musée archéol.; temple du Cheval Blanc (la plus anc. fondation bouddhique de Chine); grottes de Longmen, comportant des sculptures bouddhiques (500-750).
Encyclopédie Universelle. 2012.